Contrôle technique : circulaire Honda, quelle polémique ?
Rédigé par : Thomas Groussin
Le petit monde français du deux-roues s’affole depuis le 18 janvier au
sujet d’une circulaire de Honda France, par laquelle l’importateur
s’adresse à son réseau de concessionnaires pour évoquer le probable
futur contrôle technique cyclo et moto.
Le contexte...
Comme tout le monde le sait, le contrôle technique cyclo est
d’actualité depuis un certain temps, mais sans cesse repoussé (a priori
en 2013 au plus tôt), le décret le mettant en place n’étant toujours pas
paru bien qu’il ait reçu un avis favorable du Conseil d’Etat. Il semble
en tout cas que ce contrôle technique cyclo (motos et scooters 50 cm3),
justifié essentiellement par le contrôle du bridage, sera mis en œuvre à
plus ou moins court terme. Qu’on l’approuve ou non, c’est ainsi !
En ce qui concerne le contrôle technique moto, un sujet régulièrement
remis sur le devant de la scène, ses justifications sont plus délicates,
car il a été prouvé (enquête MAIDS 2.0 de 2009) que l’absence
d’entretien d’une moto était une cause extrêmement faible d’accident
(environ 5 % toutes cylindrées confondues), les motards étant en très
grande majorité soigneux à l’égard de leur monture, conscients des
risques qu’ils encourent à négliger son entretien. Il n’empêche qu’un
contrôle technique moto pourrait être instauré rapidement par les
pouvoirs publics, de la même manière qu’ils ont décidé brutalement de
supprimer les panneaux indiquant les radars fixes ou d’interdire les
avertisseurs de radars...
Des opportunités ?
Dans ce contexte, M. Decultot, DG Honda France, a jugé utile de
s’adresser à son réseau de concessionnaires en l’invitant à “étudier les
opportunités” d’”investir dans le marché du CT”. Concrètement, il
évoque la possibilité d’”affecter une partie de [leur] concession pour
proposer un centre de CT dit auxiliaire”, la surface minimum à y
consacrer n’étant “que de 8 m sur 4 pour un investissement en matériel
de contrôle estimé à moins de 20 000 €”. Cela permettrait, aux yeux de
M. Decultot, de “générer du trafic additionnel”, d’augmenter l’activité
atelier et de capter les clients VO [véhicules d’occasion]”.
Divulguée sur Internet, cette circulaire Honda a aussitôt suscité des
commentaires furieux accusant l’importateur au mieux de “collaborer avec
l’ennemi”, au pire de soutenir l’instauration du CT cyclo et
d’encourager la mise en place du CT moto.
A priori, on peut douter du bien-fondé de mêler les genres,
c’est-à-dire d’associer CT et atelier de réparation au sein d’une
concession, contrairement à ce qui est en vigueur en automobile. La loi
autoriserait pourtant effectivement un concessionnaire à exploiter une
partie de sa concession pour proposer un centre de CT dit auxiliaire.
Dans ce cas, le contrôleur s’engagerait à ne pas réaliser les deux
opérations : CT et réparations. Cela nous semble délicat, mais si la loi
le dit...
Que peut-on reprocher à Honda France ?
Il nous semble que M. Decultot se soit uniquement chargé de relayer une
opportunité auprès de son réseau. N’était-il pas dans son rôle de DG,
dont l’une des missions est d’informer les concessionnaires des
changements à venir et des modalités à mettre en œuvre pour en tirer
profit ? Honda est une entreprise commerciale, pas un lobby de motards.
Le commerce a ses lois que la passion empêche manifestement parfois de
bien saisir...
A choisir, si le contrôle technique moto devait entrer en vigueur, ne
préfèreriez-vous pas donner vos sous à votre concessionnaire (en qui
vous avez a priori toute confiance), plutôt qu’à une personne que vous
ne connaissez pas dans une chaîne impersonnelle de CT ?
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sven "la grenouille"