C'est pas passé loin…

Hier soir, c'est pas passé loin…

Peinard sur l'autoroute, je roule depuis 17h. Un bouchon d'oreille fait des siennes, alors, pour protéger mon ouïe, je me met à 95 km/h à peine et j'attends, sur le régulateur de vitesse. Il fait nuit noire, 23h passées. Hâte d'arriver quand même.

Un poids lourd en face envoie une giclée de pleins phares sans raison. Sans raison ? "Qu'est-ce qui te va pas, camarade ?" lui dis-je intérieurement. Je checke mon faisceau lumineux (en feux de croisement) réglé un peu haut. Je sais, je suis un rien chargé. Mais bon, me dis-je, il est assis haut, le mec, dans son camion ; je doute que je l'aie ébloui avec mes codes.

Soudain, j'aperçois un type qui marche sur l'autoroute dans ma direction, il fait des signes bizarres. Immédiatement, je vois sa voiture sur la BAU feux de détresse allumés. Et l'obstacle : une bagnole défoncée, tous feux éteints, posée là en travers sur les deux voies de droite. Là où je roule.
Une 1/2 seconde pour voir, une 1/2 seconde pour analyser, une seconde pour décider et commencer à agir, coup de frein - j'évite - je passe à 50 km/h. 
Une troisième voiture 100 m plus loin, sur la BAU aussi, un type un téléphone à la main. Je me dis qu'il est en train d'alerter.
Clairement, l'accident vient de se produire.

Je me dis ce matin que ça n'est pas passé loin pour le suraccident mortel hier soir :
- un camionneur qui signale qqch-qui-va-pas-bien à ses congénères d'en face (il a dû voir l'accident se produire, je pense), merci à lui ;
- moi qui roulais anormalement lentement, à 27 m/sec (ça n'aurait pas dû se produire, le temps était sec et le vent était arrière) ;
- un type qui s'avance en amont du crash et marche vers les arrivants, me donnant l'alerte 25 mètres avant, merci à lui aussi ; 
- mes codes qui éclairent à 50 m (ça n'aurait pas dû se produire non plus) ; 
- la voie de gauche libre - personne derrière moi à venir plein pot me percuter comme j'évite la voiture en travers, merci le couvre-feu et l'heure tardive.

A 130 km/h, 40 mètres/seconde, j'étais dessus l'obstacle. C'eût été une autre paire de manches…

J'espère qu'il ne s'est rien passé de grave pour les occupants des deux voitures incriminées.

C'est vrai qu'il ne faudrait jamais négliger certains signes annonciateurs...

Ca m'était arrivé début des années 90, je doublais à 140 en courbe sur autoroute, de nuit sous la pluie 
En sortie de courbe, une voiture sur le toit en travers de ma voie de gauche, une autre 50 m plus loin contre la rembarde de droite.
Sans toucher aux freins (sinon c'était badaboum), pif paf entre les voitures... je ne sais pas comment j'ai pu m'en sortir...

C'est vrai que parfois l'écart entre l'accident grave et le fait de s'en sortir sans rien est parfois trés mince...

Il n'a pas dû y avoir de suraccident, la liste des pépins hier soir sur cette portion d'A1 est vide. Tant mieux. 

Je me demande maintenant, mais un peu tard, ce que j'aurais dû faire. Revenir sur mes pas et contribuer à protéger le site en roulant vers l'amont et faire des signaux, comme le piéton ? ou me poster en amont de l'accident et éclairer avec mes phares la voiture tankée au milieu de l'autoroute pour que les arrivants la voient bien ?

Les gens étaient encore autour des deux voitures. J'ai croisé leurs regards comme ils me voyaient arriver. Ils ont dû avoir très peur en attendant les secours.

Je les ai laissé se démerder d'une situation fort épineuse. Je ne suis pas bien fier de moi, sur ce coup.

Salut Cassedale,

Des fois, s'arrêter c est aussi créer une autre situation dangereuse dans l'obscurité ! Avec le stress, je pense que j'aurais réagi pareillement !

Je pense que moi aussi j'aurais fait comme toi, la nuit, le stress.....
S'arreter sur l'autoroute ou remonter vers l'amont peuvent aussi être dangeureux....
Aprés en réfléchissant tu peux toujours te dire si j'avais su, j'aurais du etc etc mais pour moi tu as aucun repproches a te faire
Il suffit de voir l'état des camionnettes de patrouilleurs d'autoroute qui ont été heurteés en portant secour pour être méfiant

il est toujours difficile de prendre les bonnes décisions dans des moments aussi surprenant que dangereux.
pour moi la semaine dernière, c'est une branche d'arbre qui tombe sur la route devant moi, le reflexe de l'éviter, de me garer derrière et de remonter vers celle-ci pour la dégager de la route alors que des 45 tonnes l'évite de justesse en se déportant sur la voie d'en face, mais que cela ne tienne, avec un autre automobiliste, nous essayons de la dégager de la route avec beaucoup de mal, alors arrive par miracle un agent de la voirie qui place sa camionnette avec giros  et panneaux lumineux, sauvés...
mais bon il s'en est fallu de peu.