- sebti a écrit:
- La motivation c'était facile, j'habite près du Luxembourg, et je suis allé boire un café chez un copain à Martigues, il m'avait invité. :p
Ca me rappelle un type que nous avons croisé avec son tricycle à pédales sur le chemin de halage de la Loire, il venait de Strasbourg, je crois, et allait prendre un café à Nantes ou Piriac sur Mer, quelque chose dans ce genre. De belles vacances à la force du mollet.
En lisant vos retours d'expérience sur vos trajets interminables, j'ai réfléchi à ce dont j'ai le plus peur dans les longues tirées.
C'est l'ennui.
C'est l'ennui qui pourrait me mettre dans l'urgence d'arriver, et ça s'ajoute au surcroît de fatigue, à la journée de travail dans les pattes des automobilistes, au froid, etc. pour faire un combo morbide.
Pour moi, l'ennui, c'est le début de la fin. En plus, c'est pervers, parce que ça m'est difficile de me rendre compte quand ça a commencé.
Or, rétrospectivement, je m'étonne de ne pas m'être ennuyé une seconde vendredi dernier pendant 12 heures, le cul sur la selle, les mains sur le guidon… mais c'est bien ce qui s'est passé.
Est-ce que ça ne serait pas dû à un mantra que je viens de découvrir en anglais sur le commentaire d'un prof de ski : safety, fun and learning ?
- je me tiens en sécurité pour arriver sain et sauf. En moto, je me sens toujours en danger un minimum, mais si le sentiment monte au-delà d'un certain seuil, j'ai peur, je ne m'amuse plus et je n'apprends rien (et l'ennui pointe le bout de son nez) ; je m'imagine attablé ce soir avec une bonne bière fraîche, une tourte aux poireaux, un caramel-pékan-roll au dessert et plus si affinité ; et aussi, tiens, comment je pourrais me démerder si le mec dans la voiture d'en face s'endort et me fonce dessus ? ...
- je tâche de m'amuser (à prendre de nouvelles routes, à calculer de nouveaux itinéraires, à regarder partout autour de moi, je recherche la biche qui paît en bord de route, les ruches multicolores qui s'emplissent de miel, je médite sur les plantations, les récoltes à venir, un voyage en Estonie au pays du conducteur du camion que je viens de saluer en le dépassant, etc.)
- j'apprends de nouvelles trajectoires, j'expérimente d'autres façons de freiner, je cherche du regard les chemins que j'emprunterai la prochaine fois que je passerai par là, tiens où est-ce que je pourrais m'arrêter pour faire pipi, etc.
Alors, toujours safety + fun + learning, et tout le temps ? Bin oui, en tout cas j'essaie. Et mes pauses toutes les deux heures, c'est les moments où je fait un reset. Et le resucrage de l'ordinateur central, aussi, avec barres chocolat et petites graines et une gorgée d'eau pour faire passer tout ça.
Ca me paraît curieux à moi-même de continuer à m'amuser et à apprendre après 22 ans de moto et > 150.000 km, mais je constate que ça marche encore comme ça dans mon cerveau.
Amusant, non ?